En moyenne, les fruits et légumes achetés en supermarché parcourent 3 000 km entre leur lieu de production et de consommation. Trente-six traitements chimiques sont appliqués sur une pomme non bio. Si les grandes surfaces n’étaient plus approvisionnées, la France disposerait de trois jours d’autonomie alimentaire. C’est par ces chiffres que les membres des associations Écologie et vivre ensemble et Permaculture des 3-Frontières, ont capté, hier, l’attention des étudiants de l’IUT Mesures physiques de Metz. Ces derniers sont venus en nombre, probablement par curiosité.
Leurs professeurs, Muriel Matt et Régis Kremer, tentent depuis un an de les intéresser au projet d’ Incroyables comestibles. Un mouvement lancé il y a une dizaine d’années en Angleterre.
« Des citoyens se sont regroupés pour faire face à la crise économique , éclaire Grégory Metzger, membre du mouvement à Metz. Ils plantaient des fruits et légumes, libres d’accès pour tout le monde. » La ville concernée, qui avait vu le nombre de ses habitants chuter de 25 000 à 17 000, a retrouvé sa population en quatre ans suite à l’action d’ Incroyables comestibles.
Dans l’amphi, une élève est sceptique : « Mais où trouver le foncier cultivable en ville ? » Pour l’heure, à Metz, il n’existe que deux lieux investis par le mouvement : le parc de la Seille, derrière la piscine Lothaire, et… l’IUT ! Les enseignants ont transformé quelque 200 m² de pelouse en potager et y ont fait pousser, l’an dernier, potimarrons, courges butternut, bettes, tomates, salades et pommes de terre. Les habitants du quartier ont pu en profiter. « Certains élèves se sont joints à nous… Mais plutôt pour faire la conversation, s’amuse Muriel Matt. Ils n’ont pas osé se lancer. »
Pour impliquer ces scientifiques dans l’âme, Benoît Ries, le spécialiste de la permaculture (qui vise une production agricole très économe en énergie et fait la part belle à la nature sauvage) leur explique quel pourrait être leur rôle : « La permaculture repose sur une grande observation de la nature. Vous pourriez fabriquer des sondes mesurant la température, l’humidité, la conductivité du sol… Et en tirer des conclusions sur les conséquences sur la pousse. »
Avec une morale à la Voltaire, il assure que cultiver son potager est une façon de répondre aux besoins de l’Homme (tant physiologiques que moraux), de lui offrir une fonction.
Grégory Metzger indique que le mouvement prend de l’ampleur à Metz. Cette année, de nombreux projets devraient être lancés : à Borny, Blida, sur la butte des Trinitaires et même sur les places Saint-Jacques et Saint-Louis.
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